Gabrielle

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Gabrielle a 10 ans et un étrange pouvoir, celui de rendre propre le langage figuré.
C'est un travail sur le langage, et sur la poésie ou la violence qui peuvent en surgir.
C'est un travail sur un personnage qui refuse de se laisser embobiner par les belles paroles.
C'est un travail qui pourrait avoir pour sous-titre « L'imagination au pouvoir ! ».

* * *

"Nous avons 28 ans et nous appartenons à une génération sage. Sage comme une image.
Nous rendons nos devoirs à l’heure, nous faisons la queue au supermarché, nous demandons « pardon » au poteau qui nous est rentré dedans, nous disons « bonjour » à la dame, nous sommes terriblement polis lorsque nous protestons.
Parfois, nous versons une larme sur le monde, parce qu’en plus, nous débordons de bonnes intentions. Mais très vite, nos bras se baissent sous les coups d’un « à quoi bon »...
Pour oublier que nous n’avons pas vraiment de rêves, nous acceptons de les remplacer par la multitude d’images créées pour nous, pour notre bien-être, à notre image.
Nous pressentons bien qu'il existe un pouvoir invisible et faussement permissif au-dessus de nous. Mais nous le respectons d’autant mieux qu’il n’a pas de visage. « Il » est peut-être un pouvoir politique, financier, médiatique, obscur, peu importe car il nous rassure, « il » sait diriger le monde bien mieux que nous, puisqu'"il" en connaît les tenants et aboutissants. Notre devoir est de laisser faire, de rester tranquille, d'avoir confiance.
Nous croyons à cette apparence d'être libre.
De la même manière que Gaston Lagaffe, en son temps, campait l’individu « inutile » dans la société rentable, Gabrielle incarne la désobéissance. Elle a l’impertinence de « dire ce qui ne se dit pas », de « faire ce qui ne se fait pas » si elle estime avoir raison. Si elle se permet cela, c'est parce que d'une certaine façon, elle est une voyante. Elle « voit » littéralement les habitants de Moutarde-Lès-Donjon « avaler des couleuvres », se faire « endormir » ou « embobiner ». Elle « voit » sa mère « avaler la pilule » ou se faire « rouler dans la farine ». Elle nous propose une vision du monde fondée sur un refus de la métaphore, sur un entêtement à comprendre les choses au pied de la lettre."

"Gabrielle" a reçu en 2009 le Fonds d'aide à l'Innovation du Centre National du Cinéma et de l'image animée.

Projections de "Gabrielle"

2010
The Great Wall of Oakland, Californie (Etats-Unis)
The Spore Incident, San Miguel de Allende (Mexique)
Les Abattoirs, Centre d’art contemporain, Toulouse (France)
Studio des Ursulines, Paris (France)

2011
Cartoon Forum, Gdańsk (Pologne)
Festival "Elles tournent", Bruxelles (Belgique)
Petaluna International Film Festival, Tiburon, Californie (Etats-Unis)
Festival du film d'animation, Bruz (France)

2012
Festival international du court-métrage, Lille (France)

2013
Festival Ciné-Junior, Seine Saint-Denis (France)