a-propos

"Studio Rozijn" (Rozenn Quéré - Bruxelles)

Rozenn Quéré approche la création artistique par le biais de l'écriture. Passionnée de cinéma, elle tente à 20 ans le concours de la Fémis en écriture scénaristique. Elle échoue au grand oral et s'inscrit à l'université Paris 8. À Paris, elle trouve un champ d'exploration artistique à la hauteur de sa curiosité et elle fréquente autant les musées, les théâtres, que les cinémas. C'est là aussi que sa pratique de la photo prend de l'importance ; comme elle le faisait déjà avec un stylo et un carnet, Rozenn se met à traquer les instants poétiques et insolites du quotidien avec ses appareils photo. Elle entrevoit le pouvoir évocateur et narratif de la photographie et fonce : elle intègre l'école nationale supérieure Louis-Lumière en section photo. Son mémoire de fin d'études aura pour titre : "Comment (se) raconter une histoire en photographies ?".

C'est à l'école Louis-Lumière qu'elle rencontre Yasmine Eid-Sabbagh, avec qui elle remportera en 2011 le grand prix international de photographie de Vevey, et en 2013 Le Prix Découverte des Rencontres d'Arles. Leur projet intitulé "Vies Possibles et Imaginaires" confronte de manière ludique et poétique la photographie d'archive à la fiction (sous forme de texte théâtral). Ce projet, qui s’appuie sur l’enregistrement sonore d’entretiens avec 4 femmes palestiniennes, aboutit à la parution d'un ouvrage aux éditions Photosynthèses et à une installation, montrée pour la première fois à Vevey (Suisse), et par la suite au Bangladesh, au Liban, en France, au Canada, en Espagne, en Égypte, etc...

Entre temps, Rozenn a développé un univers visuel à la fois protéiforme et très personnel, témoignant toujours d'un rapport au monde espiègle et décalé. Ses premières expériences au labo photo du journal Libération (Paris) et au service photo de la National Gallery (Londres) lui permettent d’approcher la photographie de presse et la reproduction des oeuvres d’art au moment crucial de la transition argentique-numérique. Entre 2005 et 2010, en s'appuyant sur le photomontage numérique, elle crée deux livres pour enfants, ainsi que deux livres d'art en héliogravure ; elle tient un blog mêlant encore texte et photo, monte une exposition personnelle intitulée "Apparitions", et signe l'univers visuel d'une série animée dont elle co-réalise le pilote avec la scénariste Perrine Lottier.

Bien que rompue à une pratique solitaire de la photographie et de l'écriture, Rozenn est toujours friande de projets collaboratifs et transdisciplinaires, consciente que son univers et ses compétences s'y enrichissent autant qu'ils enrichissent les projets eux-mêmes.

En 2016, elle collabore avec Le Fabulophone (créateur son) et un groupe de détenus à la prison de Lyon pour la création d’une oeuvre visuelle et sonore : « Le bruit des ombres ».

Plus récemment, elle apporte sa contribution, par la photo et le graphisme, à des initiatives en faveur de l’accueil des réfugiés ; en 2018, elle publie dans le journal français Mediapart un portfolio accompagné d’un récit sur l’hébergement de migrants par des citoyens à Bruxelles.

Au cours des dernières années, Rozenn travaille pour le BRASS, un lieu culturel du Sud de Bruxelles autour duquel fourmillent de nombreuses initiatives artistiques et citoyennes. Elle dresse notamment depuis 2015 dans Les Cahiers du BRASS les portraits (textes et photographies) d’habitants, d’artistes et d’acteurs associatifs qui font bouillonner ce quartier marqué par des vagues d’immigration successives et autrefois dédié à l’industrie de la bière. Des histoires à hauteur d’homme, de femme, d’enfant, qui en disent sur notre époque plus qu’elles en ont l’air…

Notons, enfin, que la plus longue collaboration que Rozenn ait menée (et mène toujours) est celle avec l'artiste et philosophe aveugle Evgen Bavčar, qu'elle assiste depuis 2003 dans sa copieuse production photographique. Véritable personnage qui incarne à lui seul l’humour et le mysticisme de l’Europe centrale, Bavčar est guidé par ce proverbe russe : « Ne crois jamais au regard des autres. Crois seulement à ton oeil même s’il louche.»

Prix et bourses
2014 : Lauréate de la bourse "Brouillon d'un Rêve" de la Scam (France)
2013 : Lauréate du "Prix Découverte" des Rencontres de la photographie d'Arles avec Yasmine Eid-Sabbagh (France)
2012 : Bourse d'accompagnement SMartBe (Belgique)
2011 : Lauréate du "Grand Prix international de photographie de Vevey" (Suisse) avec Yasmine Eid-Sabbagh
2009 : Fonds d'Aide à l'Innovation du Centre National du cinéma et de l'image animée, avec Perrine Lottier (France)
2008 : Bourse du Groupe de Recherche et d'Essais Cinématographiques (G.R.E.C.), avec Perrine Lottier (France)

Publications
2012 : Vies possibles et imaginaires, avec Yasmine Eid-Sabbagh, Editions Photosynthèses
2009 : Humain, taille medium, Editions Malaxe
2008 : Le pyjama qui se prenait pour une tranche de jambon, Editions du Mouton-Cerise
2007 : Histoires à rêver debout, Editions du Mouton-Cerise

Expositions
Contemporary Image Center (Le Caire, Égypte)
Galerie 247 (Paris, France)
Asuntos Domesticos (Huesca, Espagne)
Espace F (Matane, Canada)
Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie (Canada)
Beirut Art Center (Liban)
Pôle photographique Stimultania (Strasbourg, France)
Rencontres d'Arles (France)
Festival Chobi Mela (Dakka, Bangladesh)
Festival Images (Vevey, Suisse)
Petite Biennale photographique (Blain, France)
Rencontres photographiques du 10ème (Paris, France)

Films
2010 : Gabrielle, co-réalisé avec Perrine Lottier, animation produite par les Films d'ici et Xbo Films
2008 : L'homme Envolé, co-réalisé avec Perrine Lottier, produit par le Groupe de Recherches et d'Essais Cinématographiques (G.R.E.C.)

Articles de presse sur son travail
True Lies, de Kevin Jones (Art Asia Pacific, N° 86)
Real and imagined memories of four sisters from Palestine, d'Olivia Snaije (The National, 10/08/2013)
La photographie au prisme du souvenir, de Stéphanie Jacquet (Revue Caméra, N°4)
Vies possibles et imaginaires, de Yasmine Youssi (Télérama n°3402)